Exposition Au cœur du papier

Encres et aquarelles par Reina Vidal
Peindre,
D’abord, s’extraire. Hors des murs, hors des bruits du monde.
S’imprégner des correspondances, des équilibres entre la stabilité du rocher ou de l’arbre, les parfums d’ajonc ou de fougères, la vivacité des oiseaux et du vent, les couleurs du ciel changeant, les murmures délicats à la source invisible.
S’extraire des bruits pour la musique et ses silences.
Dans ce monde vivant, pluriel, qui ne demande rien, nos équilibres et nos déséquilibres ont leur place et l’envie de donner peut naître.
Mais d’abord, recevoir.
Beaucoup d’aquarelles: Turner, Cezanne, Tal-coat, chacun a conquis sa façon d’être au monde, à ce monde-là qu’ils aimaient, nature et art mêlés.
Admiration.
Recevoir aussi de ce peintre chinois qui a vécu en Bretagne, He Yi Fu, mes outils:
Encre, pinceaux, et surtout un terrain d’aventure, ce papier Xuan sensible, très absorbant, très fin, qui se laisse traverser, se travaille autant à l’envers qu’à l’endroit.
He Yi Fu m’a aussi permis d’approcher ces anciens lettrés chinois, si modernes, qui donnent à voir dans le tableau « un lieu dense où même le vent ne passerait pas et des lieux vides où un troupeau de chevaux pourrait galoper ».
Avec l’énergie de l’encre ou de l’aquarelle, place donc pour le blanc, l’air, la circulation, la pulsation, la respiration.
Fragile ou solide ce papier ?
Devenu chiffon déchirable par la force de l’eau, de l’encre et du pinceau, il se déplie et s’illumine au marouflage.
Moment délicat ... de mise au monde ?
Dans cette attention avivée, exigée par le jeu du désir et du hasard où tout geste laisse trace, l’intensité du présent est ancrée et, dit Guillevic, « La vie augmente ».
C’est ce que je souhaite partager à la médiathèque de Guidel.