Conférence avec Jean-Pierre Roullaud, président de l'association Arborépom d'Arzano

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Jean-Pierre Roullaud est un mordu de pommes. Dans le Finistère, il est l'homme de référence en la matière. Plus loin aussi. Il est responsable de l'inventaire fruitier de la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Son chez lui, qui risque de devenir grand aéroport de l'Ouest. Car ce co-délégué de Bretagne vivante vient de Loire-Atlantique. Arrivé à Arzano pour sa dame, institutrice.

Quand il arrive dans le sud-Finistère, il pose ses affaires à Guilligomar'ch, alors que souffle la tempête d'octobre 1987. « Avant cette tempête, se souvient Jean-Pierre Roullaud, il y avait beaucoup de pommiers dans les champs. Je les ai vus par terre. Ça a été le départ de ma passion pour la recherche des variétés. » Sensibilisé à l'environnement depuis sa plus tendre enfance « à cause d'un père écologiste avant l'heure, passionné d'oiseaux et toujours curieux du nom d'une plante ».

Une passion sans pépin

Quand il arrive à Arzano, en 1988, il commence un inventaire avec Marcel Gloanec, décédé depuis. « Il y avait tellement de pommiers tombés, que j'avais conscience que nous allions perdre des variétés », explique-t-il. Il se met au travail. Jusqu'en 1992, « on fonctionne comme ça, sans association. Et, avec Maurice Dauphin, on a créé en 1992 le verger conservatoire et l'association Arborepom qui le prend sous son aile. »

Au bord de la route de Kerhouël, 250 pommiers sont plantés sur 5 000 m². « Sur des porte-greffe, on greffe près de 110 variétés locales, des pommes à cidre majoritairement. » Dans l'association, tous ont un travail. « Chaque année, on récupérait quelques variétés. » Une fois retraité, Jean-Pierre Roullaud a plus de temps. En 2010, l'association prend un nouvel essor. Avec le syndicat Valcor, qui gère les déchets, elle monte un verger conservatoire à Beuzec-Conq, sur 1 ha, avec 85 variétés de pommes à couteau, trouvées en Cornouaille sud.

Deux ans plus tard, Concarneau propose « de mettre des arbres dans la ville. » La convention est signée et 350 pommiers, greffés par 175 variétés, sont plantés. La même démarche s'initie depuis l'année dernière avec la ville de Quimperlé.

Aujourd'hui, Arborepom fait partie du Pôle fruitier de Bretagne qui se trouve à Dinan. « On est en train de revoir le statut qui permet de nommer un verger « conservatoire ». Il faut des variétés, des entités territoriales, une recherche historique, que les porte-greffes durent 100 ans, que les vergers passent les générations. C'est la vision que nous défendons. Les vergers conservatoires doivent être liés à du collectage que l'on fait chez les anciens. »

Conserver pour l'avenir

L'association arzanoise poursuit ses inventaires : Arzano et son canton, Moëlan-sur-Mer, Clohars-Carnoët, Quimperlé, la vallée du Scorff « qui reste à finir », la presqu'île de Crozon. Elle travaille le plus possible avec d'autres associations. Jusqu'à Lopérec, pour un projet de verger conservatoire avec des poiriers.

Arborepom compte 120 membres aujourd'hui. « Pendant 20 ans, on a prêché dans le désert. Aujourd'hui, le travail est reconnu. Maintenant que les pommiers vieillissent, l'intérêt pour les variétés anciennes revient. » Chez l'habitant consommateur mais aussi chez les producteurs de cidre ou de confitures. Et l'histoire est loin de s'arrêter : « J'ai un fils qui continue. Ce que nous faisons est novateur. Être conservateur, c'est donner du matériel pour l'avenir. On est comme une banque de données, avec un cerveau moins rigide qu'un ordinateur ! »